Michael Mann : Les années d'apprentissage (2/6) - Dossier
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Dossier Michael Mann :
- Partie 1 : Une biographie (publiée le 09/05/2012)
Les années d'apprentissage
En 1971, de retour aux USA, il prend la route, et traverse le pays avec une petite équipe : le résultat se nomme 17 days down the line, et montre une galerie de travailleurs américains, dans un style documentaire déjà empreint de l’esthétisme et de la maîtrise qui feront plus tard sa réputation. A 30 ans, Mann est déjà un technicien accompli et un artiste en devenir à la forte personnalité. Il débute cependant un nouvel apprentissage en s’installant à Hollywood, où il parvient à se faire embaucher pour écrire des scénarios de séries télé. Parmi les plus célèbres : Starsky et Hutch, Police Woman, Police Story, ainsi que Vega$, dont il est créateur, mais qu’il désavouera rapidement. Son travail lui permet d’enchaîner rapidement avec un projet alléchant : l’adaptation du roman d’Edward Bunker, Aucune bête aussi féroce, sur la dure vie des détenus de Folsom, et leur impossible réinsertion.
Même s’il ne réalise pas le film Le récidiviste (Ulu Grosbard, 1978), où figure en tête d’affiche Dustin Hoffman, Mann va pouvoir se servir de son travail de préparation – il a passé trois mois à enquêter sur la prison de Folsom et à en rencontrer les détenus – sur son premier long-métrage, le téléfilm Comme un homme libre (1979). Cette histoire carcérale d’un coureur de fond emprisonné à vie, dont la possible sélection pour les Jeux Olympiques ébranle les certitudes et les habitudes de son pénitencier. Tourné dans un style vériste et sec, avec des acteurs lâchés dans une vraie prison, des gardes protégeant l’équipe et des détenus violents en guise de figurants (l’un d’entre eux sera assassiné quelques jours après la fin du tournage), Comme un homme libre reçoit après sa diffusion une pluie de récompenses, dont l’Emmy Award du meilleur scénario pour Michael Mann. Sa carrière est désormais bien lancée.
Le « mode opératoire » de Michael Mann, qui consiste à s’immerger en profondeur dans le monde qu’il dépeint, à tout lire sur le sujet et à rencontrer le plus de « témoins » possibles pour en restituer à l’écran, la stricte véracité, prend tout son sens avec Le solitaire (1981), interprété par James Caan et Jim Belushi. Ce drame policier sur le monde des braqueurs, dont le héros est un perceur de coffres d’exception, respire l’authenticité, de véritables braqueurs ayant formé James Caan au maniement de leurs « outils ». Le solitaire est aussi un manifeste visuel, signe que Mann est autant un conteur attentif qu’un esthète accompli. Dès le début des années 80, il préfigure le style coloré, léché et maniéré de la décennie à venir.
La réussite, discrète mais bien réelle, de ce premier opus qui ne fait que se bonifier avec les années, permet à Michael Mann de mettre en branle une production plus ambitieuse, éloignée cependant de son univers « réaliste ». La forteresse noire (1983) est en effet un mélange osé de film de guerre et de film d’horreur, situé dans la Roumanie occupée par les Nazis, et interprété par Ian McKellen, Gabriel Byrne et Scott Glenn. Cette histoire de Golem réveillé par les forces SS au fin fond d’une forteresse se révèle assez confuse, malgré des effets spéciaux et une direction artistique spectaculaires. Atypique, quasi-philosophique, le film a en effet été complètement remonté et raccourci par ses producteurs, faisant de cette expérience un amer souvenir pour Michael Mann.
James Caan dans Le Solitaire (1981)
by Nick-Lass "The Male" de Born To Watch
Ne manquez surtout pas la 3e partie de ce dossier dédié à Michael Mann : Réussite à Miami. Paru le 11 mai 2012.
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