Directed by Thomas Carter

Directed by Thomas Carter - Dans l'ombre de Miami Vice

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La légende de Miami Vice est tellement liée à l’image de Michael Mann et à son influence sur la série, qu’on en oublie bien souvent que le cinéaste n’en a pas réalisé un seul épisode. Pas même le pilote. Cette tache incomba à Thomas Carter.

Thomas Carter (2014)

Si ce nom ne vous dit rien, certaines de ses réalisations vous parleront peut-être : Le Flic de San Francisco (avec Eddie Murphy), Coach Carter (avec Denzel Washington)… Qu’on ait aimé ou pas ces films, il n’en reste pas moins que Thomas Carter dispose d’un beau CV, et le pilote de la série Miami Vice y participe également, à plus d’un titre.

Une occasion unique et spéciale

Réalisateur de nombre de pilotes de séries, Thomas Carter débarque sur le projet Miami Vice après avoir rencontré Michael Mann et Anthony Yerkovich, créateur de la série, qu’il avait connu quelques années auparavant sur Capitaine Furillo (Hill Street Blues - série sur laquelle Yerkovich était scénariste). Carter qui venait de réaliser le pilote de Call To Glory (1984), « avait juste parlé de réalisation » avec Mann et Yerkovich. Le réalisateur était particulièrement intéressé par le projet Miami Vice, notamment par les possibilités offertes au niveau du style et du look foncièrement cinématographique qu’il sentait pouvoir apporter à ce pilote. Et il s’avère que, de son point de vue, ça sera un des points culminants de sa carrière, de par le retentissement qu’aura la série, et de par le fait que le pilote est devenu un « spectacle de référence ». Il s’agissait pour lui d’une occasion « unique et spéciale ».

Personne n'avait été casté

Quand Thomas Carter arrive à Miami pour commencer le tournage du pilote, « personne n’avait encore été casté ». Les lieux de tournage n’avaient pas encore été sélectionnés non plus. « On savait qu’on allait tourner à Miami, parce que ça avait été écrit pour ça, mais on avait encore un long processus de casting à mener. » C’est donc tout naturellement que Carter prendra part à cette phase de la production. Les acteurs défilent. Don Johnson, avec ses 5 pilotes infructueux, n'était pas le favori des studios, mais restait le premier choix de Yerkovich, pour le rôle de Crockett. Pour le rôle de Tubbs, on le sait aujourd’hui, Philip Michael Thomas remportera la mise, mais Thomas Carter se rappelle avoir auditionné un certain Andy Garcia, encore inconnu à l’époque. « Il était extra. Mais on devait retourner à L.A pour finaliser le casting, faire une lecture pour le network, et lui ne pouvait pas… Et c’est probablement pour ça qu’il n’a pas eu le rôle. »

Michael Mann n'était pas à Miami

La légende de Miami Vice veut que Michael Mann contrôle de bout en bout le processus de production, voire de réalisation. Pourtant, lorsque Thomas Carter débute le tournage du pilote, Michael Mann n’est pas présent à Miami. « Il n’était pas à Miami la plupart du temps ». Carter tournait en collaboration avec l’équipe de production, tandis que Mann travaillait avec Anthony Yerkovich depuis Los Angeles. L’un des axes de développement du projet, était d’apporter une touche cinématographique au pilote, notamment par l’intermédiaire de la musique. « On a trouvé Jan Hammer après avoir tourné le pilote. On écoutait pas mal de musicien. On essayait de trouver des idées, et on est tombé sur ce son unique et moderne qui convenait parfaitement au show. » Cette musique si emblématique de la série, devait être complétée par l’utilisation de titres connus du grand public, ou en passe de le devenir. Thomas Carter se rappelle s’être beaucoup amusé en cherchant des titres susceptibles d’accompagner les images qu’il mettait en boîte. Cyndi Lauper et Phil Collins faisaient parti de ces artistes sélectionnés.

  

J'ai inventé ça

Pour plusieurs séquences du pilote, considérées comme des « séquences signature », et pour celle sur In The Air Tonight, la chanson de Phil Collins, en particulier, « une scène sans dialogue, toutes les images en musique », rien n’avait été prévu jusqu’au tournage. Thomas Carter a « inventé ça ». Il explique : « Ce n’était pas dans le script. J’ai senti à un moment qu’il manquait quelque chose dans cette histoire. Quand Sonny Crockett est au plus mal, et qu’il a besoin de comprendre encore qui il est et en qui il a confiance. Sentir la réalité à nouveau, avant d’aller plus loin dans cette histoire. Donc j’ai vraiment inventé toute cette séquence. J’ai pensé qu’il devait aller à une cabine téléphonique, prendre le combiné, appeler son ex-femme, et lui demandé si ce qu’ils avaient vécu, avait été réel… Et elle lui répond oui. Il y a quelque chose de fort là dedans, parce qu’il vient de perdre son meilleur ami [NDLR : Eddie Rivera] et son partenaire, qui l’a trahi lui et les forces de police [NDLR : Scott Wheeler]. L’objectif était de retranscrire cette sensation d’isolement, cinématographiquement, avec des images, donc j’ai volé toutes ces images que j’ai utilisé, je veux dire, on aurait du tourner d’autres scènes. Rien ne devait se passer dans une voiture. […] on a fait des essayages. Fait moi ça dans cette rue, parce que la lumière y était parfaite, on avait les reflets qu’on voulait. On s’est focalisé sur tout ça, en faisant ci et ça. Et puis on a tourné avec Philip Michael Thomas et Don Johnson. Et, je me rappelle, on a mis cette cabine téléphonique à un endroit où il n’y avait rien. C’était vide. C’était comme les limbes, juste de l’eau derrière. Et on a accroché une enseigne personnalisée d’un designer. Je crois que c’était Len Bernay, qui avait fait une enseigne Bernay’s Cafe. On la voyait parmi les limbes… […] J’ai appelé la production, et j’ai dit « il y a une chanson que je veux, parce que j’ai entendu cette chanson et j’ai été hanté par elle », et ça a marché incroyablement bien. Je crois que c’est ce que la série faisait de mieux, raconter des histoires avec des images et de la musique, avec des dialogues aussi courts que possible. Vous étiez séduit par l’image, vous étiez fasciné, hypnotisé par tout ça, d’une façon que les autres séries ne faisaient pas, et c’est ce que je voulais faire avec cette série… »

Il y avait beaucoup de tension

D’après le cinéaste, « le studio ne se rendait pas trop compte de tout ça pendant qu’on tournait, il ne comprenait pas trop ce que je faisais. » Et pour cause, ils ne savaient pas quelles musiques allaient être utilisées, et n’avait pas accès aux rushs de tournage. Il y avait donc beaucoup de tension. Et ce jusqu’à ce que le montage soit terminé. La réaction du studio au visionnage n’en sera que beaucoup plus enthousiaste. Celle du public, on la connaît maintenant. La série deviendra très vite LE phénomène de mode Outre-Atlantique, avant de traverser les océans.

Thomas Carter quant à lui continuera son chemin, loin de Miami, mais avec la satisfaction du devoir accompli : avoir mis sur de bons rails le pilote d’une série mythique.

Publié le 20 mars 2016 à 13:30:00
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